1. Les cinq éléments de base en médecine chinoise
Dans le livre intitulé Shang Shu (dynastie Zho), on peut lire : « Les Cinq Eléments sont l’Eau, le Feu, Le Bois, le Métal et la Terre. L’Eau descend et humidifie, le Feu s’élève, on peut courber et redresser le Bois, on peut mouler et durcir le Métal, la Terre permet de semer, de faire pousser et de récolter. »
Le bois représente l’expansion, le mouvement vers l’extérieur.
Le métal représente la compression, le mouvement vers l’intérieur.
L’eau représente le mouvement descendant.
Le feu représente le mouvement ascendant.
La terre représente la neutralité, la stabilité. Elle correspond à la fin d’une saison et est associée à la transformation. Les énergies du ciel retournent à la terre pour se reconstituer durant l’intersaison.
La Nature est la plus grande écologiste, la plus douée pour mettre en œuvre des cycles fécondants et pérennes; elle est celle qui prévoit, anticipe, recycle, digère et régénère.
Chaque saison nouvelle est le passage à une autre énergie, et notamment le fonctionnement précis d’un couple d’organes en lien avec la saison.
Ainsi, chaque intersaison est sous l’influence de l’élément terre.
Selon la pensée chinoise, ces éléments, l’eau, la terre, le bois le métal et le feu, ne sont pas à proprement parler des constituants de base de la nature mais plutôt des caractéristiques, des phases d’un même cycle ou cinq potentialités de changement qui se manifestent dans tout phénomène.
Le mouvement est basé sur le passage du Yin vers le Yang et vice versa, comme le jour vient après la nuit. La sensation de chaud n’est possible qu’en ayant connu le froid…
Le maintien de cet équilibre précaire Yin / Yang est gage de bonne santé. Les 5 éléments nous aident à comprendre les déséquilibres et à les compenser.
2. L'intersaison sous le signe de l'élément Terre
L’homme, fruit de l’union des souffles du Ciel et de la Terre, prend place entre ces deux pôles en tant qu’émetteur/récepteur. A chaque saison, un dynamisme nouveau lié au cycle de la Terre se met en place. Mais le passage d’un dynamisme à l’autre, de l’été à l’automne par exemple ne peut s’accomplir que dans un laps de temps suffisant, et d’une manière progressive. D’ailleurs, les souverains chinois faisaient une pause méditative de 7 ou 12 jours (préfiguration des 12 mois de l’année), sorte de temps concentré équivalent à l’année entière, vêtus de Jaune, couleur de la Terre. Cette intersaison mise en place par les souverains chinois préfigure notre été indien.
LA TERRE est l’élément clé à chaque intersaison puisque l’énergie retourne au centre pour se régénérer. La Terre, mère nourricière, distribue aux êtres humains tous les fruits de sa chair sans compter, sans discrimination. Elle permet la croissance et la maturation des végétaux, se donne comme support pour toutes sortes de constructions. Perméable, elle reçoit les influences extérieures qui se manifestent, entre autres par les climats (chaleur, vent, pluie, sécheresse) sous l’effet desquels elle se modifie, la chaleur et le vent l’assèchent, la pluie ou les cours d’eau l’humectent, le froid craquelle sa surface. Réceptive à travers cet accueil des influences célestes, elle l’est aussi sous la main de l’homme qui aménage sa surface et son sous-sol, pour le meilleur et pour le pire. L’été indien, période entre l’été et l’automne manifeste la douceur ultime de l’été tout en annonçant son déclin.
Elle est aussi synonyme de stabilité, de fermeté, d’enracinement. L’immobilité de la montagne assure une présence sécurisante générant la confiance. Ainsi, les enfants élevés dans une vie stable et routinière, reliée à la terre et aux saisons, une vie simple et fiable, deviennent des adultes solides ayant un souvenir heureux de leur enfance.
Un temps de pause et de retour sur soi est vital pour garder notre énergie à son plus haut potentiel dans les intervalles des intersaisons. Pour permettre la digestion des évènements passés et trouver l’élan pour aller de l’avant.
3. La fonction digestive, fonction phare pour préparer la prochaine saison.
Préparons donc la prochaine saison pour laquelle la fonction phare à privilégier est la Fonction digestive.
Ainsi la prochaine saison nous entraîne vers l’automne et ou la fonction digestive sera mise a l’honneur, ou 2 organes seront particulièrement concernés : la rate et l’estomac : les organes phares de la prochaine saison.
Cela traduit une activité très soutenue de notre énergie dans la Rate et l’Estomac, et, sur le plan mental par un haut pouvoir de réflexion.
Ce sont les organes majeurs dans notre bien-être au quotidien en intersaison.
La fin de l’été, du 21 Aout au 22 septembre, sera la période de préparation à la mise en place de l’activité Rate/Pancréas.
=> Quelques clés de compréhension à propos de ces organes :
Selon la loi des 5 mouvements, l’estomac et la rate appartiennent à la Terre et forment un couple antagoniste ; ils occupent le centre du corps, ce qu’on appelle le foyer moyen ; c’est le lieu où nous captons les énergies de la Terre.
L’estomac :
- Est yang : son énergie est descendante vers l’intestin, il aime l’humidité, il souffre s'il est trop rempli, il a besoin de repos régulièrement.
C’est un chaudron dans lequel les aliments sont transformés. Voici ses fonctions : recevoir les aliments, gouverner leur décomposition (passage en éléments plus petits) et maitriser la descente des aliments vers l’intestin grêle. Si l’énergie de l’estomac est bonne, les aliments rejoignent facilement l’intestin, si il est faible, les aliments vont stagner, voire remonter.
La rate :
- Est yin : son énergie est montante vers l’estomac, elle aime ce qui est sec (elle est déséquilibrée par trop d’humidité) et souffre si elle est en manque d'énergie (vide), elle n’aime pas le froid, a besoin de force et gère de nombreuses fonctions fondamentales, et notamment la transformation et le transport. La rate extrait du bol alimentaire l’essence des aliments et les transforme en sang et en énergie, et pour cela il faut un minimum d’énergie fondamentale.
C’est le grand alchimiste du corps. Il transmute la matière de base en un élément subtil et précieux. Nous métamorphosons tous les jours les nourritures issues de la Terre. La rate aidée de l’estomac se charge de cette transmutation essentielle pour profiter de ce que l’on mange.
Elle maintient le sang dans les vaisseaux et fait monter les éléments nourrissants des aliments vers les poumons et le cœur, ensuite redistribués dans le système sanguin. Elle contrôle la fermeté des muscles et des chairs, et influence aussi nos capacités à penser, étudier, mémoriser, elle aide à nous concentrer car c’est le siège de l’intellect. Une rate déficiente apporte confusion, soucis, pensées confuses, pertes de mémoire et manque de concentration (courir comme un dératé).
La bouche est l’orifice de la rate, elle se manifeste sur les lèvres, les dents, le palais ; ainsi la bouche et la salive ont une relation privilégiée avec la rate. Lorsque l’énergie de la rate est bonne, les lèvres sont généralement roses et humides. Si la rate est faible, les lèvres peuvent être pâles et ternes et le sens du goût peut être altéré.
En effet, le besoin de chaleur digestive est tel que le corps par manque d’énergie peut parfois réquisitionner de l’énergie ailleurs il est donc possible d’avoir les mains ou les pieds froids durant la digestion, signe de manque de feu pour gérer le repas. Cela explique aussi les flatulences, la fatigue après le repas ou la sensation de lourdeur après les repas.
En pratique:
Estomac = Chaudron, l’estomac doit être divisé en 4 parts : 2 parts pour les aliments solides, 1 part pour les aliments liquides, 1 part pour garder un vide.
Rate = le feu sous le chaudron.
Reins = apport d’énergie pour soutenir le feu de la rate.
L’estomac réduit les aliments solides en une espèce de bouillie alimentaire, qui forme une soupe digestive tiède. Tout cela, l’estomac l’effectue à l’aide du Yang de la Rate (qui fournit un minimum de feu digestif). La rate est secondée par le Yang des reins. Cette phase digestive fait appel à 3 organes par ordre d’importance : Estomac, Rate, Reins.
Cette étape se charge de rendre liquide les aliments et de les « cuire ».
- En clair :
Pour optimiser : manger cuit, chaud, bien mastiquer, ne pas manger à satiété mais garder une place et boire en fin de repas. Voir les 9 principes du savoir manger ci-dessous :
Pour en savoir plus:
Les livres de médecine chinoise de Philippe Sionneau