« avec l’âge survient une diminution progressive du volume cérébral et du métabolisme du glucose ayant pour conséquence un déclin des fonctions cognitives. Or ces changements physiologiques naturels peuvent être exacerbés par le stress et une mauvaise qualité de sommeil, deux paramètres par ailleurs considérés comme des facteurs de risques d’Alzheimer ».
Denis Sergent note donc que « pour étudier ce déclin, Gaël Chételat, neurobiologiste à l’Inserm à Caen, a lancé une étude pilote comparative en collaboration avec Antoine Lutz, neurobiologiste à Lyon ».
Gaël Chételat explique :
« Nous avons sélectionné six «experts méditants» – dont le moine bouddhiste Matthieu Ricard – âgés en moyenne de 65 ans et pratiquant la méditation depuis longtemps et régulièrement (entre 15.000 et 30.000 heures chacun), selon différents courants traditionnels bouddhistes. Parallèlement, nous avons étudié 67 témoins non-méditants âgés de 65 ans ainsi qu’un groupe de 186 personnes, âgées de 20 à 87 ans, pour mesurer les effets classiques du vieillissement sur le cerveau ».
Le journaliste précise que « les chercheurs ont pratiqué un double examen du cerveau : l’un, anatomique, par IRM (imagerie par résonance magnétique), l’autre, fonctionnel, utilisant la tomographie par émission de positons (TEP) pour quantifier l’activité métabolique d’un organe ».
Gaël Chételat indique ainsi : « Nous avons mis en évidence des différences significatives au niveau du volume de la matière grise (constituée par les noyaux des neurones) et du métabolisme du glucose, le carburant énergétique du cerveau. Plus précisément, les images montrent que le cortex frontal est plus volumineux et/ou a un métabolisme plus élevé chez les personnes pratiquant la méditation que chez les témoins ».
« Ces premiers résultats suggèrent que la méditation pourrait réduire ou retarder de quelques années les effets néfastes de ces facteurs sur le cerveau et avoir un effet positif sur le vieillissement cérébral », remarque la neurobiologiste.
Denis Sergent indique que « les résultats de cette étude pilote devront toutefois être confirmés sur un échantillon plus large ».
Gaël Chételat ajoute que « nous allons maintenant nous attaquer à la compréhension des mécanismes mis en jeu en nous focalisant notamment sur le taux sanguin de cortisol, une hormone qui a un rôle prépondérant dans la réaction de stress, ainsi que sur l’activité des télomérases, enzymes jouant un rôle protecteur de l’extrémité des chromosomes ».
Le journaliste indique enfin que « l’équipe de neurobiologistes va intégrer une étude européenne de grande envergure qui vise à mieux comprendre les facteurs de vie qui déterminent le bien vieillir en testant les bienfaits d’entraînements mentaux à la méditation ou à l’apprentissage de l’anglais. À la recherche de volontaires, les chercheurs organisent une conférence le 16 janvier à Caen pour en recruter ».
Date de publication : 8 Décembre 2017